Lilliane Nutalaruk, 25 ans, est originaire de Puvirnituq, dans le Nunavik. On y dénombre moins de 1 800 habitants. Pourtant, la taille de son village est loin d’être proportionnelle à l’affection qu’elle a pour sa communauté. Lumière sur le parcours d’une battante à la volonté de fer et au cœur d’or.
L’aventure scolaire de Lilliane dans le sud de la province débute en 2017 grâce à un programme de parrainage qui la soutiendra tout au long de son parcours postsecondaire. Elle pourra bénéficier du précieux appui d’Hugo Jourdain, tuteur en sciences et conseiller académique, d’Amélie Beaulieu, travailleuse sociale et de Marie-Hélène Morin, conseillère académique.
Premier obstacle : passer des préalables en sciences 436 à l’école aux adultes. Là où, sans aide, la plupart échouent, elle réussit. Un premier exploit pour cette jeune Nunavimmiuk, qui lui permet de poursuivre sa lancée vers des études collégiales en soins orthopédiques, même si elle se sent très loin de sa famille.
Par la suite, elle entreprend des démarches pour suivre une formation professionnelle en assistance technique en pharmacie à l’École des métiers des Faubourgs-de-Montréal. Le programme qu’elle a choisi est loin d’être un jeu d’enfant. Par exemple, un des cours requiert d’apprendre plus de 400 médicaments par cœur. Sans aide, difficile d’y arriver. Sans réseau et sans maîtrise de la langue, le défi relève de l’extraordinaire. Un échec survient. Elle doit mettre fin à son cheminement. Lilliane reparcourt les 1 634 kilomètres de vol qui la séparent de sa terre natale. Mais elle ne s’effondre pas de découragement, au contraire.
On peut à peine imaginer la détermination requise pour revenir apprendre un métier dans une grande métropole francophone. L’objectif de Lilliane était plus persistant que tout : se former pour redonner à sa communauté. Faire sa place parmi les siens. Elle réintègre donc un groupe quelques mois plus tard.
Pour soutenir sa réussite, Hugo propose de nouvelles stratégies. « Par exemple, nous avons trouvé une tutrice étudiante universitaire en pharmacie pour lui fournir des outils et des méthodes d’étude plus ciblées », explique-t-il. Lilliane est toujours présente à ses rencontres et intéressées à s’améliorer, ouverte aux trucs qui lui sont donnés. L’équipe-école est par sa détermination.
Puis, survient un autre obstacle. La formation en assistance technique en pharmacie présente au cursus deux stages en pharmacie communautaire. Les élèves sont responsables d’effectuer eux-mêmes les démarches avec des employeurs potentiels. La timidité de Lilliane prend le dessus. Difficile pour elle de dénicher un stage à Montréal. Elle approche discrètement le personnel enseignant pour faire part de ce frein majeur.
Au fil des rencontres avec l’équipe-école, Lilliane s’ouvre lentement, et commence à raconter son histoire, son héritage et son ambition. Touchée par son récit, la direction entre en contact avec Hugo pour établir un plan de match. Ils décident de trouver une solution pour lui permettre de faire ses stages à Puvirnituq. Mais des pharmacies communautaires, il n’y en a pas là-bas. Les deux seules pharmacies sont en milieu hospitalier. Qu’à cela ne tienne! Avec la collaboration de l’école et de l’hôpital, elle y réalisera ses deux stages, avec du soutien pédagogique à distance.
En juin 2024, Lilianne obtient son diplôme! Elle fait partie des 32 gradués du Nunavik cette année. Et lorsqu’elle revient à Montréal pour sa remise de diplôme, elle ne voyage pas seule. Quatre membres de sa famille l’accompagneront pour cette étape si importante. Toute la communauté est derrière elle pour célébrer sa grande victoire !
Elle a maintenant sa place professionnelle à Puvirnituq. Lilliane joue un rôle essentiel dans son milieu. Une magnifique carrière est tracée au sein d’une équipe qui l’attendait déjà les bras grands ouverts. Espérons que son parcours fasse boule de neige!